Il est vrai que depuis quelques temps, on voit pas mal de gens faire tournoyer des cylindres, des bouteilles, des bâtons. Plus ou moins longs ; avec une plus ou moins grosse boule à l’extrémité ; tantôt de bois, tantôt de fer…
On se demande d’abord à quoi ça sert ; on se demande ensuite ce qu’il faut faire.
Avant de proposer un ersatz de structure, je vous enjoins à me considérer tel que je suis : un curieux, un explorateur, un vulgaire voyeur peut-être. Un pratiquant acharné, aussi.
Je ne me risquerai donc pas à une étude exhaustive, autant sur le plan de l’Histoire que sur celui de la technique. Pour aller plus loin, je vous conseille de jeter un œil aux travaux d’un Conor Heffernan, d’un Thierry Sanchez, d’un Paul Taras Wolkowinski et même d’un Stéphane Dogman (qui a quelques cartes dans sa manche en plus des Kettlebells). Il y aura d’autres noms dans cet article, notez-les bien et servez-vous en pour vous hisser plus haut. Pour l’anecdote, sachez que les deux personnes susnommées ont animé un workshop il y a quelques années, près de Lyon, devant une ou deux personnes!
Ainsi devrions-nous, nous les néophytes, être considérés comme les ouvriers de la dernière heure.
Je me permettrais seulement de situer vaguement la culture d’origine de ces outils : Elle est principalement au Moyen-Orient. Aujourd’hui, vous trouverez encore des écoles martiales (lutte bien sûr) utilisant ces outils à haut niveau en Inde, au Pakistan, en Iran…
Pour faire simple, je vais classer les outils en trois périodes chronologiques : les anciens, les récents et les très récents.
Puis j’esquisserai une note pratique en essayant de répondre à la question : par où et par quoi commencer ?
Les anciens
C’est ici que vous pourrez vous délecter d’un peu d’exotisme : des matériaux nobles et préindustriels, de la terre brulée par le soleil ou des charmeurs de serpents.
Dans le nord de l’Inde, et dans les Akhara (clubs ou camps de lutteurs), on s’entraine avec la Gada, longue et rigide tige de bambou surplombée par une boule de ciment. On monte lourd, très lourd, jusqu’à plus de 60 kilos. Une ou deux mains, c’est selon. On retrouve un schéma de projection très connu dans les sports de préhension. La trajectoire est variée, tantôt directement derrière la tête en appui sur l’épaule, tantôt devant, tout est bon pour le renforcement du couple mobilité/stabilité de la ceinture scapulaire, tellement sollicitée en combat. Dans la même logique, on utilise les Joris, une dans chaque main et qui sont de gros cylindres évasés en bois. On manipule des charges titanesques au Pakistan notamment.
Pour découvrir cette culture, je ne peux que vous proposer la lecture de «The Wrestler’s Body: Identity and Ideology in North India » par Joseph Alter.
En Iran, dans les Zurkaneh, ce sont des outils assez similaires, les Meels, qui sont manipulés jusqu’à des poids dépassant l’entendement. Le répertoire gestuel est assez varié, on peut même y contempler de très spectaculaires séquences de jonglage !
Dans le sud de l’Inde, on retrouve des formes similaires dans la culture Tamoule, notamment, avec les Karla Kattai. Là encore, un objet ressemblant mais une palette technique bien différente. On travaillera à une ou deux mains (et un seul « club ») et dans tous les plans de l’espace : frontal, sagittal et transversal.
Il y a de nombreux livres sur le sujet et une immense Tradition orale. Vous venez seulement d’enlever les quelques ronces qui vous empêchaient d’accéder au portail !
Les récents
Ici, je vous parle des fameux Indian Clubs qui sont finalement…anglais ! Ou du moins une adaptation faite par les anglais des outils d’entrainement observés en Inde. Une sorte d’artefact du passé colonial sur ce territoire.
Ces quilles, plus ou moins imposantes mais jamais très lourdes (3 voire 4kg tout au plus), qui virevoltent devant, dessus, dessous ou derrière nous, sont une adaptation fitness des outils plus rudes précédemment cités.
Ils deviendront très à la mode auprès du grand public jusqu’à la moitié (environ) du vingtième siècle, figurant même une ou deux fois au programme des Jeux Olympiques ! Si vous avez l’œil, regardez quelques films de l’époque et vous en devinerez en arrière-plan !
Autrefois très académique (voir les écrits de Lemaire entre autres), la pratique connait aujourd’hui un nouvel essor avec de nouveaux mouvements, plus dynamiques encore, agrémentés de fentes, de sauts et de tout ce que l’imagination peut concevoir, avec une implication totale du corps.
Les très récents
On retrouvera ici des outils dérivés des précédents et dont la fabrication fait la part belle aux différents métaux.
Le Clubbell, cette grosse batte de base-ball pouvant peser très lourd. Nous avons des ressources intéressantes du côté de Tacfit, avec Scott Sonnon par exemple. Cet outil reprend un certain travail circulaire en y incluant des mouvements fitness plutôt sagittaux tels que les cleans, les squats, certaines positions statiques, etc. C’est l’un des symboles de la mode actuelle de l’entrainement multi planaire où le plan transversal bénéficie d’une attention spécifique.
La Steel Mace, avec beaucoup d’exercices communs avec les Clubbells. De forme plus allongée, cette petite Gada génère une plus grande inertie qui permet d’induire des mouvements plus amples et plus rythmiques. Si les figures « traditionnelles » que sont les swings 300° et 360° restent pratiqués et praticables (voir un Rick Brown), ses caractéristiques singulières (compacité, amplitude et inertie) permettent de vois émerger le Steel Mace Flow, travail chorégraphié porté par une grande variété de mouvements.
Le point commun de ces deux instruments repose sur leurs matériaux et leurs procédés de fabrication.
En effet, contrairement à leurs aïeux Gadas, Meels ou Clubs, leur structure propose un delta de masse entre leurs extrémités relativement faible.
Si la forme du Clubbell est évasée, la forte densité du matériau lourd est pesante sur toute la longueur de l’outil et l’effet de traction que l’on ressent sur une Gada – où le manche de bambou fait que peut-être 99 pour cent de la charge est à l’opposé- a des implications techniques et physiques totalement différentes : travail des appuis, gestion du contrepoids, mobilité thoracique…
Ces outils sont aujourd’hui les plus largement distribués avec des prix relativement attractifs.
Macebell, un compromis
Ici je considère la Macebell comme utilisée dans la discipline sportive du Macelifting, propulsée par Gaston Geronimo Giorlando et dont les postulats théoriques et pratiques sont exposés dans son excellent ouvrage « The art of Macelifting ». Il y a même une fédération : l’International Macelifting Federation.
Toujours métallique, cette Gada moderne est ingénieusement dotée d’un manche en aluminium, ce qui réduit considérablement son poids et recrée l’effet de traction des matériaux ancestraux.
La compacité, en revanche, en est impactée car la boule à l’extrémité est issue d’une kettlebell de compétition dont on a ôté la hanse. Et son diamètre est relativement important. Si vous m’avez suivi jusqu’ici, vous conclurez qu’il sera plus délicat de faire du Steel Mace Flow avec !
De toute façon, le Macelifting repose, même si le répertoire semi-technique reste vaste, principalement sur les mouvements de base que sont les swings 300° et 360° (à une main) !
Ce sport propose également des épreuves avec des Macebells courtes, les Bulavas, qui possèdent la même structure avec la même logique de fabrication. Les mouvements se rapprochent du travail avec Meels ou Joris.
Le Macetrainer et le Clubtrainer, des innovations françaises
Pratiquant le Macelifting à haut niveau, Didier Zoïa (préparateur physique et directeur de centre de formation BPJEPS) a récemment mis au point des modèles de macebells et bulavas modulables avec des disque de fonte de diamètre olympique. Les dimensions respectent de très près les Macebells mentionnées dans les paragraphes précédents avec, ici, la possibilité de faire évoluer votre charge de travail sur une seule et même masse, ce qui, bien entendu, règles de nombreux problèmes ergonomiques et…économiques ! Aussi, la grande majorité des salles de sport possèdent les poids idoines ( Crossfit, etc…).
Par où et par quoi commencer ?
Sans outrecuidance je l’espère, je vais me permettre de répondre de manière claire, sans nuance et sans détour.
J’ai évoqué le nom d’un certain Thierry Sanchez au début de l’article. Avec Ron, son comparse canadien, géni de conception et de travail manuel, il a fondé la société Heroic Sports.
Leur gamme de produit, qui s’élargit de mois en mois, commence par les Pahlavandles.
Deux manches en plastique (recyclé, éco-responsable et gentil) qui se vissent en lieu et place des bouchons de bouteille les plus courants.
Pour un prix modique, vous aurez une paire d’Indian clubs avec des caractéristiques physiques (delta manche en plastique/bouteille d’eau remplie) intéressantes.
Le poids et la dimension des clubs en font l’outil le plus sûr pour débuter, appréhender les techniques et les amplitudes, sans surcharger le dos et les articulations.
De plus, les manches peuvent être additionnés jusqu’à trois, permettant de découvrir certains mouvements de Gada ou de Jori.
La charge est modulable est peut atteindre 3 kilos, en remplissant une bouteille d’1.5l de sable.
C’est un excellent compromis pour une phase de découverte !
Après, l’entreprise danoise permet de monter d’un cran au niveau des charges, des dimensions ou des matériaux (Ron travaille le bois comme personne !).
N’hésitez pas à passer du temps sur leur site car, en plus de son aspect commercial, le site regorge d’articles et de tutoriels de grande qualité !
C’est par ici > heroicsport.com
Si la pratique sportive (fitness, préparation physique) et compétitive en Macelifting vous tente, vous trouverez le matériel adéquat chez NHR Macebell (via facebook).
Aujourd’hui, il faut cependant noter que dans une logique de progression sur mesure, le Macetrainer a lui aussi, par sa nature polyvalente en terme de charges, une carte à jouer dans votre arsenal !
Pour du matériel très traditionnel et proche des cultures orientales, vous pouvez vous renseigner du côté de :
Les outils les plus modernes (Steel Mace, Clubbell) figurent chez les plus grandes enseignes de la distribution dans le Fitness : Gorilla sport, Strength Shop…
Je vous conseille clairement de commencer léger et/ou avec un bras de levier raisonnable. C’est une pratique très spécifique nécessitant une adaptation des tissus, des certains muscles stabilisateurs, des tendons. Une maîtrise technique et une mobilité qui doit s’affiner, sous peine de se blesser au dos, aux épaules, aux poignets, aux coudes…
Si vous souhaitez lever du poids, amusez-vous avec une barre olympique, une presse à cuisse ou un développé de chez Hammer.
Note de fin
Je le redis, je ne suis qu’un barreau de l’échelle. Et je ne suis pas bien haut. Ces différents agrès viennent de cultures lointaines et anciennes et dont les données ne sont pas abondantes.
Mon cœur saigne tous les jours quand je vois des articles ou des vidéos sur les kettlebells exprimées sur un ton aussi péremptoire que le niveau d’ignorance technique, sportive ou historique du rédacteur sur le sujet.
Je ne veux surtout pas donner cette impression ! J’ai essayé de dégrossir les choses humblement, en tenant compte de mon expérience pratique. Mais il reste un monde gigantesque à découvrir et qui pulvérisera les maigres informations de cet article.
En attendant, amusez-vous, faites attention, creusez les sujets, posez des questions… avançons ensemble vers la connaissance, en souriant, en chantant et en bougeant.
N’hésitez pas à faire à faire un tour sur ma chaîne Youtube où je posterai de plus en plus de vidéos d’entrainement, d’exercices ou de réflexions spécifiques : Hugo Reigt
Cet article n’est pas une fin mais juste un commencement.
Hugo REIGT
Nota : il n’y pas de photos sur cet article car beaucoup sont soumises aux droits d’auteur. Les termes sont néanmoins surlignés en gras et cela vous permettra sans aucun problème de retrouver des sources via Google ou Youtube.
Bravo pour ces infos j’ai beaucoup appris. 👏👏👏
J’espère dans quelques temps faire franchir encore une marche de modernité avec ma nouvelle Macetrainer. Peut-être la suite prochaine à cet article. En attendant faut que je travaille à son développement.
Et pour toi Mer.e à l’angelus KB club